30 novembre 1944 – 30 novembre 2024

Bonjour tout le monde,

 

Je souhaite aujourd’hui partager avec vous, un moment important de notre commune qui a eu lieu l’an dernier, le 30 novembre et dont je n’avais pas encore trouvé l’occasion de vous parler : la célébration du 80ème anniversaire de la libération de notre village par les troupes du Général Leclerc.

La célébration a été aussi l’occasion d’installer et inaugurer une borne de la Voie de la 2ème DB, mise en place afin de sceller de manière perpétuelle la reconnaissance de la population de Gerstheim envers ces valeureux soldats appartenant à la 2ème division blindée qui ont bravé tous les dangers pour chasser l’ennemi et qui ont souvent fait sacrifice de leur vie.

Il faisait un froid glacial ce jour-là et je crois que je n’ai jamais eu autant froid, surtout que nous avions décidé de nous y rendre à vélo !
J’ai essayé de faire quelques photos malgré mes doigts gelés et l’interdiction de franchir la pelouse, réservée au club photos ! (mais au moins pas grand monde devant nous)
Je n’ai pas flouté les visages car les photos de la cérémonie apparaissent sur le net et je suppose que le droit à l’image a été accordé pour les enfants.

Mais qu’est donc cette borne ? Vous la connaissez sûrement si vous habitez l’une des localités qui se trouve sur le chemin suivi par la 2ème Division Blindée du Général Leclerc lors de la Libération de la FRANCE, depuis son débarquement en Normandie le 1er août 1944 à Saint-Martin-de-Varreville (Utah Beach), la Libération de Paris le 25 août 44, jusqu’aux combats d’Alsace, dont la prise de Strasbourg le 23 novembre 1944.

Tout au long de cette voie, et dans chacune des villes et villages de France libérés par cette prestigieuse unité, 16000 hommes, 4000 véhicules, une stèle du Serment de Koufra commémore l’accomplissement du serment prononcé le 2 mars 1941 par le Général Leclerc lors de la conquête de l’oasis de Koufra en Libye :

« Jurons de ne déposer les armes que le jour où nos couleurs, nos belles couleurs,
flotteront sur la cathédrale de Strasbourg… »

L’installation de toutes ces bornes, en résine blanche, est gérée par la Fondation Maréchal Leclerc de Hauteclocque.

La face avant est marquée d’un flambeau rouge de la liberté, de l’insigne bleu et blanc  « A  » de la troisième armée américaine et des mots » Voie de la 2ème D.B. 1944-1945 ».

La face arrière est marquée de l’emblème de la 2e DB : une carte de France bleue et jaune superposée à la croix de Lorraine.

Sur les côtés, le nom de la borne et le nom du point zéro de la voie, le nom du lieu où elle est implantée et le nombre de kilomètres qui séparent ces 2 lieux.

A côté de chaque borne, deux panneaux explicatifs sont implantés.


Avant l’inauguration, un adjoint au maire relate la journée du 30 novembre 1944. Les événements de ce 30 novembre 1944 sont retranscrits ici brièvement pour ceux qui souhaitent les lire.
L’émotion est palpable dans l’assemblée.

Jeudi 30 novembre 144, 7h30 : partant de Krafft, les éléments du sous-groupement Quilichini franchissent le canal de décharge de L’Ill rendu franchissable durant la nuit par les sapeurs du génie et se dirigent vers Gerstheim.
La température est glaciale, une brume s’est levée et les champs de part et d’autre de la route sont impraticables.
Vers midi, peu avant les premières maisons du village, l’Angoulême* détruit un semi-chenillé ennemi mais le tir d’un antichar l’immobilise en lui coupant la chenille gauche.
L’Angers*, piloté par Paul Brandeburg reçoit l’ordre de passer en tête. Il dépasse l’Angoulême dont l’équipage est sauf avant de se retrouver face à une barricade constituée de rondins plantés dans le sol.
Contournant l’obstacle en passant par les jardins des maisons côté ouest, il remonte sur la route principale et se retrouve soudainement dans l’axe d’un char Panther** avec lequel il engage un duel à l’issu duquel l’ennemi est finalement neutralisé. Le Strasbourg* a contourné la barricade par les jardins des maisons côté est et a pu neutraliser un second Panther.
L’ennemi a perdu 2 chars, plusieurs semi-chenillés et deux canons. Le nettoyage par les marsouins du RMT*** permet de capturer près de 300 prisonniers mais le village reste sous les feux de l’artillerie allemande.
Trois jeunes filles accourues accueillir les libérateurs sont tuées. Elles s’appelaient Alice, Irma et Irène et avaient respectivement 17, 19 et 18 ans.
La bataille est gagnée mais la guerre n’est pas terminée. Le 11 janvier 1945, lors de l’opération Sonnenwende destinée à reprendre Strasbourg depuis le sud, le village retombe aux mains des troupes allemandes qui s’en retireront définitivement le 31 janvier 1945.

* char français
** char allemand
*** régiment de marche du Tchad

Les enfants du conseil municipal dévoilent la borne.

De la terre provenant de Normandie est semée tout autour.

Le Général J. Paul Michel, président de l’association des Anciens de la 2ème DB ( jusqu’en décembre 2024) et président de la fondation Maréchal Leclerc de Hautecloque prend la parole pour un très beau discours pédagogique.

PLUS JAMAIS ÇA ! ...

La cérémonie se termine par un dépôt de gerbes devant le monument aux morts par le maire du village, Julien Koegler, le député Charles Sitzenstuhl (et cachée par le monument, la sénatrice et ancienne maire Laurence Muller-Bronn).

Plusieurs expositions et animations se tiennent dans le village toute la journée. Frigorifiée comme jamais, je ne prends que quelques photos des voitures militaires et civiles de l’époque avant de filer manger une bonne soupe.

Voilà, j’avais envie de partager avec vous un petit pan de notre histoire. Peut-être comprendrez vous un peu mieux pourquoi notre région a tant de spécificités qu’on nous envie souvent, qu’on nous jalouse quelquefois …

L’Alsace, annexée durant la guerre de 1870 par la Prusse, est redevenue française à l’issu du premier conflit mondial en 1919. (Traité de Versailles)
Lors de la seconde guerre mondiale, après la défaite de la France, l’Alsace est annexée à nouveau, de facto, le 18 octobre 1940, au territoire allemand et subit une germanisation sévère dans tous les domaines. (noms des rues, prénoms et noms de famille, interdiction de parler le français, lois allemandes …) Les jeunes hommes sont enrôlés de force dans l’armée allemande, les « Malgré-Nous ».

Je vous souhaite un bon week-end et vous retrouverai avec plaisir lundi pour un sujet bien plus gai. Nous serons en décembre.

Bises à partager.

 

Photos personnelles non libres de droit.
Merci de m’envoyer une demande par le formulaire de contact si vous voulez utiliser l’un ou l’autre cliché. Je me ferai un plaisir de le partager avec vous.
Texte et légendes rédigés avec les informations glanées sur le net et les documents en ma possession.

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