Neuf-Brisach, le chef-d’œuvre de Vauban # 1

Bonjour tout le monde,

 

J’espère que vous allez bien. Bonne Toussaint à tous !

Passons tout de suite au sujet du jour car nous avons du pain sur la planche.

Aujourd’hui, je vous emmène à nouveau à Neuf-Brisach avec la visite de la citadelle. Les photos choisies datent de 2018 et 2021.

Mais tout d’abord quelques précisions pour ceux et celles que cela intéresse sur cette réalisation titanesque et la plus aboutie des ouvrages de Vauban.

La construction de Neuf-Brisach coïncide avec les dernières années du règne de Louis XIV qui valide le projet de Vauban le 6 septembre 1698. Ce dernier va alors donner cours à tout son génie et imaginer une forteresse «ex-nihilo» (à partir de rien) dans la plaine d’Alsace. Il y appliquera tout ce qu’il a testé lors de ses constructions précédentes.
L’enceinte forme un octogone parfait : 8 tours bastionnées reliées entre elles par des courtines en ligne brisée pour faciliter le flanquement (tirs parallèles à la ligne de défense). Les bastions et demi-lunes sont dédoublés.

L’organisation du chantier est confié à J. Baptiste de Régemorte qui demande au roi de lui fournir 1500 hommes pour creuser le canal qui doit permettre d’acheminer le grès des Vosges, couper le bois, livrer la terre pour les briques de voûtes, tracer les chemins…
Huit régiments de 12 bataillons sont employés aux travaux de construction. Ce sont les soldats qui effectuent les travaux de terrassement et creusent les fondations. Ils sont aussi les manœuvres des gens de métier (charpentiers, tailleurs de pierre, sculpteurs, forgerons, menuisiers, serruriers, paveurs, maçons, appareilleurs…) qui viennent de toutes les régions françaises et même de l’étranger.
Près de 3000 ouvriers travaillent sans relâche à la construction de la place forte.
Les courtines et les constructions détachées totalisent 17 km de murs.
En 1703, la place forte est en état de défense. Cinq ans se sont écoulées !

Commençons par les portes ! Elles sont considérées comme les points faibles des fortifications. A Neuf-Brisach, elles se limitent à 4. La route qui y mène se termine en angle droit. Un pont-levis en bois, que l’on pouvait rapidement ôter en cas d’attaque, en barrait l’accès.

Vauban avait insisté que la ville soit pourvue de magnifiques portes symbolisant la gloire et la puissance de Louis XIV. Elles sont l’œuvre d’Hardouin-Mansart. Leur frontispice était orné, jusqu’en 1792, des armes royales, remplacées en 1870 par l’aigle impérial allemand. 

remparts de Neuf-Brisach

Découvrons-les maintenant en détail.

Fortement endommagée à deux reprises, la porte de Colmar a cependant gardé son caractère initial.
Après 1870, elle a abrité le club des officiers et de «casino» pour la garnison allemande.

porte de Colmar, côté fossé
porte de Colmar, côté fossé
porte de Colmar, tunnel routier qui relie l’extérieur à l’intérieur
porte de Colmar, côté ville
porte de Colmar, club des officiers

La porte de Bâle, située au sud-est n’a pas été endommagée au cours de la guerre de 1870. Le pont levis étant resté intact, c’est par cette porte que 114 officiers et 4974 soldats sont sortis avec les honneurs pour rendre les armes le 11 novembre.
Le monument à leur gloire, signé Bartholdi, est situé à l’extérieur de la porte. Il représente un glaive.
Pour faciliter l’accès à la ville, la porte a été modifiée et le pavillon central démonté.

porte de Bâle, côté fossé
porte de Bâle, côté fossé
porte de Bâle, monument commémoratif de la guerre de 1870, oeuvre de Bartholdi

Par contre, la porte de Strasbourg a été sérieusement endommagée durant la guerre de 1870, comme la caserne Suzonni, l’arsenal et 125 maisons détruites. Après le siège, les Allemands ont remanié la place forte et la porte a été reconstruite puis modifiée en 1902 pour faciliter l’accès à la ville.

porte de Strasbourg, côté fossé
porte de Strasbourg, côté fossé

La porte de Belfort abrite de nos jours le musée Vauban. Devant, côté fossé, on trouve l’avant d’une péniche ayant servi au XVIIIème siècle à la réfection des berges du Rhin.

porte de Belfort, côté fossé
porte de Belfort, côté fossé

Poursuivons par l’élément qui relie toutes les portes, à savoir la courtine : 9 mètres de haut et jusqu’à 3 m d’épaisseur à certains endroits. C’est la muraille qui forme avec les bastions qu’elle relie la première enceinte ! 

courtine
courtine
courtine

Je sais que cet article ne plaira pas à tout le monde car trop dense et trop technique. Mais l’endroit vaut le détour et vous pouvez toujours zapper les explications. Pas d’interrogation au bout !!! Nous poursuivrons la balade la semaine prochaine avec les autres éléments qui composent la citadelle.

Mais d’ici-là, laissez-moi vous souhaiter un bon we et un bon mois de novembre.

Je vous embrasse.

 

Photos personnelles non libres de droit.
Merci de m’envoyer une demande par le formulaire de contact si vous voulez utiliser l’un ou l’autre cliché. Je me ferai un plaisir de le partager avec vous.
Texte et légendes rédigés avec les informations glanées sur le net et les documents en ma possession.

60 Thoughts on “Neuf-Brisach, le chef-d’œuvre de Vauban # 1

  1. Ces ouvrages défensifs m’ont toujours impressionnée, tout comme la citadelle de Belfort, transformée également par Vauban et dominée également par une œuvre de Bartholdi, un billet bien documenté et illustré;
    Bises et bon week-end de la Toussaint

  2. Merci pour cette découverte, cette forteresse est magnifique et impressionnante par sa taille. Elle fût construite en peu de temps et à mobilisé une quantité incroyable d’ouvriers et artisans. Vauban était un grand architecte militaire dont on peut encore admirer les réalisations dans un certain nombre de nos régions.
    Bon week-end. Bisous

  3. Coucou Lavandine toujours impressionner par ces magnifiques forteresse placer au 4 coins de l’hexagone ici nous avons celle de blaye j’adore m’y promener elle donne sur la Dordogne
    Bonne journée 😘

  4. Une page d’histoire à ciel ouvert
    Une prouesse architecturale
    Des explications qui aident bien à la visite virtuelle
    Merci Lavandine
    Bonne journée

  5. Cette citadelle de Neuf-Brisach me fait penser à celle de Lille que nous avons découverte en septembre, et qu’on nomme la ” Reine des citadelles “.
    Bien sûr elle a elle aussi été construite … par Sébastien Le Prestre, mais une trentaine d’années plus tôt !!!
    En tous cas Lille, Neuf-Brisach ou ailleurs … c’était du solide !
    Belle soirée, bisous.
    Cathy

  6. cocasse, nous y étions mercredi.et j’avais prévu un article, bien moins dense que le tien….car lors de notre visite, c’est le brouillard qui était dense ! donc peu de photos 😉
    quel bel espace cependant
    bon week-end

  7. Bonjour Lavandine
    Je te remercie pour cette page et je te souhaite une bonne fin de journée de la Toussaint et un bon week-end.

  8. Sacré cours d’histoire ! Il en a construit ce monsieur Vauban et plus c’était grand et compliqué et plus ça lui plaisait j’admire le bâtisseur 😉 mais pas l’usage qu’ils en faisaient. À présent les visites sont sympa à faire avec les plus jeunes.
    Gros bisous et bonne fin de semaine
    Mitou

  9. Souvenir de l’un des chef d’œuvres de Vauban et une magnifique redécouverte en voyant tes photos.
    Bonne journée avec le soleil chez nous.
    Gros bisous à vous deux

  10. Sur la deuxième photo, la porte de Colmar a perdu la belle fourmi géante qui escaladait le mur… elle a dû rejoindre sa fourmilière ! lol !
    C’est une sacrée visite que tu nous montres, Vauban avait fait fort sur ce coup-là !
    C’est impressionnant ce que l’humanité est capable de réaliser pour des choses dont se passerait volontiers…
    Bisous et bonne journée

    1. Bien vu …. mais explicable : deux années différentes.
      Malheureusement, les choses n’ont pas changées. On est obligé de dépenser des milliards pour notre défense alors que cela ne devrait pas être.

      Bel après-midi.
      Bisous
      Lavandine

  11. En effet on peut traduire cette œuvre d’exceptionnelle, de chef d’œuvre, ça en fait des pierres !
    Il y avait même un casino pour les troupes !
    Bises, belle journée !

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