Feste Kaiser Wilhelm II, une fortification complexe # 1

Bonjour à vous tous qui passez par là,

 

La seconde semaine de septembre se termine et nous avons pu noter une baisse très agréable des températures.

Aujourd’hui, je vous emmène à Mutzig visiter son fort (Feste). Nous y sommes allés au mois d’août et les Schtroumpfs ont bien apprécié cette page d’histoire, sans parler que les couloirs du fort nous ont bien rafraîchis.

Je vous laisse regarder ? Cette fois-ci, ceux qui le souhaitent auront des explications à lire. Attention, c’est long ! Les autres pourront se contenter de la lecture des photos. Je ne leur en voudrai pas.

 

Petit point d’histoire pour mieux comprendre celle du fort Kaiser Wilhelm II, construit de 1893 à 1916.
Après la guerre franco-allemande de 1870-1871, l’Alsace et la Moselle sont rattachées au nouvel Empire allemand sous le nom de « Reichsland Elsass-Lothringen ».
Dès 1871, Français et Allemands fortifient la nouvelle frontière afin de préparer une guerre future, jugée inévitable. Le fort de Mutzig sera le plus vaste groupe fortifié de la Première Guerre Mondiale.
Il s’étend sur plus de 250ha : 40 000 m² sous terre et 500 000 m3 de béton à l’extérieur.

Depuis 2014, le monument “Namenstein” qui marquait autrefois l’entrée du site pour l’armée allemande, accueille les visiteurs sur le parking. Il a été reconstitué tel qu’il était lors de l’inauguration de la Feste Kaiser Wilhelm II en 1896.

A la caisse, nous récupérons un document explicatif, fort bien fait, qui nous permet de nous déplacer de manière autonome dans la forteresse.

L’entrée dans le fort se fait par la casemate de mitrailleuse appelée également « coffre de contrescarpe » (au fond) qui avait la vocation de défendre le fossé. Construite en béton armé entre 1914 et 1916, elle fait partie des zones défensives les plus modernes du fort.

Premier arrêt dans la chambre de tir.

Les mitrailleuses allemandes MG03 et 08 avait une puissance de feu très importante pouvant aller jusqu’à 500 tirs à la minute. Un système de refroidissement permettait de tirer durant des heures.

Le plafond de tôle ondulée galvanisée protégeait les soldats des chutes de gravats occasionnées par les bombardements. Les crochets sont prévus pour installer des hamacs pour les hommes au cas où ils auraient été bloqués dans la casemate à la suite de la destruction de la galerie par un bombardement.

Nous empruntons la galerie des mines et contremines. Ces galerie étaient encore très employées durant la 1ère Guerre mondiale pour détruire les tranchées, y compris sur le front des Vosges.

Des galeries de mines, des sapes, étaient creusées sous les tranchées adverses et chargées d’explosifs. Pour contrer ce type d’attaque, le défenseur creusait des galeries de contremines, orientées vers l’ennemi. Elles permettaient de détecter les activités de l’assaillant et de faire sauter la galerie adverse. (déjà vu au fort Kléber ICI)

Les travaux allemands ont été stoppés en 1916. Après la Première Guerre mondiale, l’Alsace et la Moselle redeviennent françaises et le fort devient un terrain militaire français. En 1924/28, des travaux y sont effectués pour intégrer une protection contre les gaz de combat. Une large ouverture le long du mur gauche devait accueillir une gaine de ventilation afin de créer une surpression de l’air. L’armée française ne jugea pas utile de terminer ces travaux. Elle pensait que le fort, trop éloigné du Rhin, ne risquait rien ! Ses efforts se concentreront sur la construction de la ligne Maginot.

A la fin du XIXème siècle, les progrès de l’artillerie et la nouvelle architecture éclatée imposent de relier les différentes parties du fort entre-elles. La guerre russo-japonaise de 1904 a montré la faiblesse des galeries à pied-droit. C’est pourquoi les galeries ovoïdes, nettement plus résistantes aux pressions latérales engendrées par des explosions en surface seront généralisées vers 1910. Elles intègrent un système de recueil et d’évacuation des eaux usées et des infiltrations d’eau.

Nous pénétrons maintenant dans l’abri d’infanterie n°1 bâti sur 2 niveaux avec des murs extérieurs en béton, épais de 2,50m. L’abri pouvait recevoir 300 hommes qui y pouvaient vivre en autarcie durant 3 mois. Ces abris sont de véritables casernes avec un équipement des plus performants comme nous allons le découvrir au fil de la visite.

Une chambrée pouvait abriter 24 hommes, dans des conditions de vie sommaire avec 1 m2 par homme. L’étagère fixée au plafond permettait de déposer les paquetages. Les hommes vivent sur des paillasses qui devaient être changées régulièrement pour éliminer parasites et moisissures. Les couchettes étaient rabattables et se transformaient alors en sièges.

Dans le petit couloir qui séparait deux chambrées, un point d’eau servait pour la boisson, la toilette, la lessive et la vaisselle. Les consignes étaient directement inscrites sur le mur.

« Hier sind die entleerten Essnäpfe zu spüle » = c‘est ici que doit être faite la vaisselle.
« Verunreinigungen jeder Art verboten » = Il est interdit de salir.

L’invention d’un nouvel explosif, la mélinite, oblige les armées à repenser complètement les fortifications. Le fort de Mutzig servira de terrain d’expérimentation et de nombreux blindages seront mis à l’essai.

La maquette du fort de Mutzig représente la forteresse en 1928. Le périmètre du réseau barbelé est d’environ 10 km. Le réseau des tranchées totalise 6 km.

Nous arrivons dans un nouvel abri pourvu d’une boulangerie, d’une centrale électrique et d’un hôpital.

C’est la seule boulangerie du fort à avoir conservé ses équipements d’origine. La ration quotidienne du soldat est de 750 g de pain appelé «kommisbrot», un pain de seigle et de froment qui se conserve 8 à 10 jours. Ce pain n’est distribué aux hommes qu’après un temps de séchage de 48h.


Le pétrin est le premier modèle mû par un moteur électrique et il pouvait préparer 300 kg de pâte en 15 mn.

Face au pétrin, le four métallique alimenté à l’arrière par du charbon.

L’alimentation en eau est essentielle pour la survie des hommes en cas de siège.

Quatre puits ont été forés sur la colline. Leur profondeur varie entre 120 m et 270 mètres. Chaque puits pompait 2000 l par heure vers des réservoirs. Chaque soldat avait à sa disposition 20 litres d’eau par jour.

Les réservoirs d’eau en maçonnerie d’une capacité allant de 25 et 37 m³ permettaient une autonomie d’une semaine pour 1000 hommes. L’étroit couloir qui les ceinture en permet la maintenance et les isole des vibrations causées par d’éventuels bombardements pouvant provoquer des fissures dans les parois.

A droite une échelle permettant de savoir combien il reste d’eau dans la citerne.

Le fonctionnement du fort imposait qu’il soit électrifié. Il disposait de 60 techniciens affectés aux 4 centrales, même en temps de paix.
Chacune des 4 centrales du fort est constituée de plusieurs salles : atelier, réserve du carburant, réserves des pièces détachées, salle des machines.

Les 4 centrales sont équipées des premiers moteurs diesel à démarrage rapide grâce à un système d’injection à haute pression.

Le tuyau visible au-dessus des groupes (photo de droite) permet l’évacuation de la vapeur d’eau produite par le refroidissement des cylindres.

Appareil à déminéraliser l’eau.

 

Je vous propose de nous arrêter ici pour aujourd’hui et de vous reposer. Je vous montrerai la suite d’ici quelques jours. En attendant, profitez bien de votre WE et pour ceux qui ont des projets de visite, un bon we du patrimoine.

 

Je vous embrasse ! A lundi !

Photos personnelles non libres de droit.
Merci de m’envoyer une demande par le formulaire de contact si vous voulez utiliser l’un ou l’autre cliché. Je me ferai un plaisir de le partager avec vous.

Texte et légendes rédigés avec les informations glanées sur le net et les documents en ma possession.

72 Thoughts on “Feste Kaiser Wilhelm II, une fortification complexe # 1

  1. Bonjour Lavandine,
    Merci pour cette visite virtuelle avec ses photos qui nous montre se qu’était la vie en sous sol à cette époque année 1893
    Kaiser Wilhelm II
    Construit de 1893 à 1918 sur ordre de Guillaume II, empereur d’Allemagne, la Feste Kaiser Wilhelm II, «Fort de Mutzig», est la première fortification allemande bétonnée, cuirassée et électrifiée. “merci la toile”
    Cet empereur qui a restauré le chateau de Koenigsbourg

    Bon weekend
    Amitiés

  2. Une visite d’autant plus intéressante que je n’ai jamais visité ce genre d’installation frontalière. C’est beaucoup plus parlant pour les enfants et les grands aussi qu’un cours théorique d’histoire en classe :):) la mise en situation permet de mieux imaginer donc comprendre et mémoriser ensuite. Je comprends que la visite ait intéressé tes petits. Bisous et bon weekend

  3. Une visite très très intéressante. Un peu d’histoire ne fait pas de mal.
    Le truc pour la vaisselle, j’ai cru que c’était une pissotière.
    Bon ok je file ! Euh non une petite dernière : en fait tous ces pauvres gars, il étaient dans un sacré pétrin.
    Belle journée et gros bisous !

  4. Une visite super intéressante qui me rappelle celle du fort du Hackenberg que nous avons fait avec nos p’tits loups qui avaient adoré la visite surtout les garçons 😉 Il est vrai que dans nos régions frontalières nous sommes fournis en visites militaires,très bien conservées et organisées. Merci pour cette page d’histoire bien documentée .
    Gros bisous et bon week-end
    Mitou

  5. Nous avons visité ce fort il y a 13 ans.
    Et moi qui ne suis pourtant pas du tout intéressée par ce qui est militaire j’avais adoré la visite.
    Plusieurs parlent de claustrophobie, je le suis pourtant mais là-bas je ne l’ai pas ressentie.
    Belle soirée, bisous.
    Cathy

  6. Article très intéressant. J’aimerai assez que mes petits enfants, les 2 plus jeunes puissent s’intéresser comme cela pour des visites plutôt que de passer leur temps sur des consoles vidéos.
    Bonne journée

  7. Notre fils Arthur habite Mutzig mais personnellement je ne l’ai jamais visité , mon mari si .. J’avoue que ce n’est pas le genre d’endroit qui m’attire..On avait visité le Fort de Schoenenbourg .. j’en garde un souvenir un peu “désagréable” je ne suis pas claustrophobe mais comme si..
    Merci pour ton article bien détaillé
    bon weekend..pas de sorties “patrimoine” mon mari fête sa retraite avec ses anciens collègues!
    bisous bisous

    1. Tu n’as pas résisté à la fête ? On ne te voit plus sur la blogo. Pourtant la fête a dû être sympa.
      Pas de problèmes pour les claustros, le fort est bien éclairé et aéré.
      Gros bisous.
      lavandine

  8. Merci Lavandine pour cette découverte. J’ai adoré ton billet lu de bout en bout et si bien documenté et illustré. Incroyables les installations technologiques de l’époque. Je te souhaite un très bon week-end, gros bisous.
    Lylou

  9. honte à moi, je travaille tout près , j’enseigne l’HG et je n’y suis jamais allée !
    merci pour cette visite…j’adore la moustache “Kaiser Wilhelm” du boulanger !
    bon week end !

  10. Une visite très intéressante et “historique”… mais que je me contenterais de faire en photos car je n’aime pas du tout me trouver dans des lieux clos de ce genre…
    Très bonne journée et gros bisous.

    P.S. pour le week-end, je vais surtout faire une balade autour d’un lac… mais pas de visite du “patrimoine” (aucune envie de faire la queue pendant des heures et de visiter un Monument “en troupeau”).

    1. Ce sont des envies que je n’ai pas non plus. Aucune queue, aucun troupeau. Nous choisissons toujours les visites libres sauf dans un des endroits où nous avons suivi une visite guidée extraordinaire.
      Gros bisous.
      lavandine

  11. Merci pour la visite!
    Sans toi, je ne serais jamais entrée dans ce fort. Par claustrophobie.
    Tes petits ont dû être impressionnés par les lieux et à l’idée des hommes qui vivaient là.
    Bon week-end, Lavandine.
    Gros bisous

  12. Si tes petits enfants sont comme les miens ils feront des adultes attentifs et respectueux dans la vie Souvent ils me disent on en a fait de belles choses de belles visites de beaux voyages avec vous papy mamie Bonne journée bises

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